jeudi 23 octobre 2008

Naufrage pres de Cap Tribulation






Voila les vraies raisons de notre silence du debut du mois d octobre.
Un beau jour, alors qu il faisait deja 30 degres a 7 heures du matin, nous decidames de partir au nord pour Cap Tribulation... en bateau!
Apres avoir prepare quelques sandwichs beurre de cacahuete-Vegemite enveloppes soigneusement dans un film plastique, nous primes le petit voilier de mon oncle a qui il manquait une quille.
Personnellement, je n avais jamais navigue. ( Mis a part ce pitoyable stage d optimiste au lac du Moutchic interrompu prematurement, ou mon frere essayait de me persuader que des requins et des sylures vivaient dans le fond de la vase et n attendaient qu une chose: que les petits stagiaires chavirent des voiliers. Il y avait aussi l histoire du pere et de sa fille noyes, les jambes prisonnieres par les immenses algues vertes. Mais celle la je crois que c est une vraie anecdote. )
Toujours est il que nos connaissances de la mer et de la navigation etaient fort minces, et lorsque, arrives au cap, a l endroit meme ou le capitaine Cook avait rape contre le corail en cet an 1770, une tempete tropicale se leva. On pouvait apercevoir sur la plage au loin, les palmiers en furie qui se tordaient sous le poids du vent et de la pluie. Les noix de coco semblaient enragees et s expulsaient a une vitesse de 249 km/h, tels des boulets de canon.
Dans ce desordre sans nom, le bateau s est mis a tournoyer tant que nous ne savions plus ou etait le nord du nord est. Peut etre 57 minutes plus tard, c est a dire moins d une heure, nous profitames d une eclaircie pour regarder par dessus bord.
Au loin, une magnifiques plage sauvage et grisee par la tempete.
Notre bateau etait entierement perfore par un corail geant sur lequel un coquillage bleu nuit s ouvrait et se refermait.
Nous decidames de gagner la terre a la nage, en prenant chacun un enfant sur le dos, et Doudou les sandwichs au beurre de cacahuete et au Vegemite, soigneusement coinces dans un sarong vert emprunte a mon oncle Jean.
J avais pour ma part Juliette sur le dos, qui, paniquee me serrait le cou trop fort et manquait de m etouffer.
_ Please Juliette , dont take my neck! Take my shoulders! ( accent tres francais)
_ Hi Ha ha HiHou ( cris d excitation)
_ Bloublourp
_ Crocodile! Crocodile!

Nous etions si pres du but! Je me retournais et vis effectivement une sorte de gros tronc d arbre avancer au loin.
Dans la panique, voyant que l eau etait peu profonde, je tentais de prendre une pause sur ce que je croyais des rochers. Erreur fatale! C etait du corail! La blessure que m a fait cette... 'chose', me fait parfois encore terriblement souffrir et je repense en ce jour maudit, ou Dieu a bien failli m oter la vie.
Le sang qui coulait de la blessure faite par le corail a mon pied attisait le crocodile et le bout de bois semblait desomais glisser sur l eau, comme si quelqu un lui faisait faire du ski nautique.
En verite, c etait bien quelqu un, qui avait attache a un petit tronc d arbre une grande ficelle et qui l avait jete a la mer pour tenter de nous porter secours.
Arrives sur la plage, nous pumes voir que cet homme etait nu, le teint tres mat.
Selon mes connaissances en ethnicite, je concluai qu il devait etre d origine philipine.
Mais que faisait il sur ce qu on croyait, une ile deserte?
On ne l a jamais su car il ne maitrisait pas notre langue.
Les premiers jours, nous les consacrames pleinement a notre survie en envoyant, celui que nous baptisames Alf, chercher des noix de coco au sommet des palmiers.
Son corps etait court, mais ses muscles forts et ses membres agiles, ce qui lui permettait aussi, contrairement a nous, de chasser des turkeys ou des guanas, que le petit Shaye faisait fierement cuire avec delice le soir, sur le feu.
Nous, les trois femmes, nous passions nos journees a nous confectionner de nouveaux vetements a l aide de grandes feuilles de palmier tendres et a parer nos cheveux de fleurs d orchidee.
Les enfants jouaient aux billes avec les boules de sable fin que recrachaient les crabes et qui semblaient faire des dessins aborigenes sur la plage.
La nature de cet endroit etait paradisiaque, ce qui nous faisait presque oublier que nous etions des naufrages.
Nous realisames que la vierge nature etait un temple bien hospitalier.
Apres 7 longs jours de cette vie naturelle, nous nous decidames d explorer un peu plus ce bout de terre que nous croyions une ile.
Tres vite, dans la foret tropicale, nous rencontrames un groupe de blancs.
Nous n etions pas sur une ile.
Mais simplement sur la plage de Cap Tribulation.
Pendant que nous primes un cappuccino au bar ringard du coin et que tout le monde nous devisageait avec nos vetements de sauvages, Laillah tenta de joindre son frere ou son fiance par telephone. Mais nous avions oublie que les portables avaient fini, 10 jours plus tot, dans la piscine lagon de l esplanade de Cairns, une fin de soiree TRES arrosee.
Nous avons donc fait du stop, pratique tres peu courrante chez les indigenes, et rentrames tous les 7 au fond d un pick up 4/4.
En arrivant a la maison de Clifton beach, tout le monde etait saoul et personne ne semblait preter attention a nous. Quelle deception! Apres tout ce que nous avions vecu! Mais riches de cette magnifique aventure, nous nous couchames sur le matelas de la veranda, les yeux remplis d etoiles et de reves d une plage immaculee.
Alf, le sauvage, est finalement rester avec nous.
Il a tres vite appris l anglais et aussi quelques mots de francais. Il redouble d ardeur dans l apprentissage de ces langues car il affectionne tout particulierement la lecture des ouvrages que nous lui pretons. Parfois bien sur, ses pulsions sauvages reprennent le dessus, et il chevauche les kangourous du pres en face de la demeure ou grimpe a une vitesse foudroyante les fig trees.

Bien que cela ait failli nous couter la vie, nous garderons toujours en memoire ces jours naufrages, ou pour la premiere fois de notre histoire, nous pumes dire: nous sommmes libres!


Bientot les photos incroyablement WILD!!!!!

Je dedie ce recit a mon cher ami qui prefere les textes aux photos.
Il est peut etre le seul a l avoir lu jusqu au bout et je l en remercie.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Non, là je te crois pas..mais pas du tout!
si c est vrai ma cocotte, bonne chance pour te réintégrer à la jungle parisienne!

Anonyme a dit…

Nath, tu as tort de ne pas y croire.
Tu changeras d avis avec les photos.
Signe Captain Cook